Sujet: [Fanfiction] Le Secret de l'Avada Kedavra Mar 4 Juin - 12:35
Rating : Tout public, mais susceptible d'évoluer plus tard. Avertissements : Il est nécessaire d'avoir lu les 7 tomes pour éviter les spoils (je sais qu'il y a encore des gens qui ne les ont pas tous lus, donc je préviens ^^ ). Je précise aussi que le début de cette fiction colle énormément au livre : c'est voulu, j'ai conscience que ce soit pénible à lire, mais j'ai fait ce choix pour une question de rythme de narration. Vous comprendrez assez vite... Résumé :
Harry n'aurait pas dû survivre au Sortilège de Mort. Il l'a pourtant fait, et le cours de l'Histoire s'en trouve modifié. Jusqu'à quel point ?
Remarques : Cette fiction traite du voyage dans le temps, sous un aspect que j'espère original. Toute ressemblance avec une autre fic serait totalement fortuite (et un vrai manque de chance pour moi T_T ). Tous les chapitres seront postés sur ce sujet, sous balise "spoiler". Il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne lecture, en espérant avoir vos retours ! N'hésitez pas à critiquer (sauf peut-être la partie "tu colles trop au livre", ça je suis au courant à force... T_T ).
PS : Si la couleur fait trop mal aux yeux sur le fond noir sur spoil, dites-le moi !! Je trouverai autre chose ! :)
Prologue - La Forêt Interdite :
Godric’s Hollow.
Une petite bourgade en apparence tout-à-fait ordinaire, quelque part dans le nord du West Country, en Angleterre.
Peu de personnes étaient au courant du drame qui venait de s’y dérouler cette nuit-là.
Face à une maison partiellement en ruines, une haute silhouette se tenait dans l’ombre, fixant d’un regard triste les restes encore fumants de l’étage à moitié écroulé. Les pleurs d’un bébé se firent entendre quelques instants, avant de s’interrompre ; l’enfant s’était probablement évanoui. Seule la lueur de quelques étoiles perçait l’obscurité de la nuit. De lourds nuages assombrissaient le ciel d’octobre et la lune, réduite à un fin arc de cercle, n’était pas visible. Tous les habitants du village dormaient paisiblement, inconscients de ce qui venait de se jouer dans cette rue tranquille, à quelques pas de chez eux.
Personne ne fut donc témoin de l’apparition de l’imposante moto noire qui perça les nuages, jusqu’à se poser devant la maison. Le jeune homme qui en descendit, simple ombre indistincte dans la pénombre ambiante, se précipita à l’intérieur, un cri au bord des lèvres. Peu après, une autre silhouette apparut, beaucoup plus haute et trapue, et y pénétra à son tour. Quelques minutes s’écoulèrent, dans le silence de la nuit. Les deux personnages ressortirent ensemble, la plus grande tenant entre ses mains un minuscule paquet enroulé dans une couverture. Leur conversation resta secrète, leurs mots totalement silencieux. Mais l’ombre qui les observait depuis l’autre côté de la rue n’avait pas besoin de les entendre pour savoir ce qu’ils se disaient.
La silhouette de l’homme gigantesque tapota d’une main maladroite l’épaule du plus petit, puis s’approcha de la moto pour l’enfourcher. L’engin démarra en ronronnant, comme n’importe quelle moto ordinaire, et elle roula un instant avant de s’envoler vers le ciel, emmenant avec elle le grand homme et le minuscule paquet qu’il serrait délicatement contre lui.
L’ombre ramena son regard sur le jeune homme, resté devant la maison. Elle eut un sourire attristé lorsqu’il fit finalement demi-tour, marchant rapidement vers la rue, avant de disparaître en un clignement de paupière.
L’ombre s’avança alors à la lumière du lampadaire le plus proche, qui dévoila grossièrement les contours du visage d’un vieil homme. Il chercha un instant dans la poche de sa veste sombre, en sortant enfin un objet qui ressemblait à une montre à gousset. Il l’ouvrit, révélant un mécanisme improbable, et l’observa un instant avant de reporter son regard vers le ciel, là où l’engin volant avait disparu un peu plus tôt en emportant le bébé.
- Bonne chance, Harry Potter... murmura-t-il dans la nuit calme.
Il rangea l’appareil à sa place et jeta un dernier regard peiné vers la maison.
- … et à très bientôt ! ajouta-t-il avant de disparaître à son tour dans un craquement sonore.
Seize ans plus tard
Caché sous sa cape d'invisibilité, Harry Potter avançait d'un pas décidé à travers la forêt. Il tenait sa baguette magique devant lui, éclairant son chemin, et son autre main était serrée autour de la petite pierre noire. À ses côtés, le souvenir de James et Lily Potter, Sirius Black et Remus Lupin le suivait, lui apportant tout leur soutien et leur amour. Il avança ainsi jusqu'à la clairière au-dessus de laquelle flottait la Marque des Ténèbres.
Il avisa le feu magique qui brûlait au centre. Tout autour se répartissait la foule de Mangemorts, certains portant leur masque blanc, la plupart restant à visage découvert. Le Seigneur des Ténèbres était en face de lui, de l'autre côté des flammes. Harry approcha, toujours caché sous la cape.
Voldemort avait les yeux clos. Les deux mains jointes sur sa baguette, il semblait plongé en pleine prière. Bellatrix Lestrange était assise dans l'herbe tout près de lui, semblant simplement elle-même, impatiente et folle.
- Toujours aucun signe du garçon, Maître... annonça un mangemort, venant sans doute d'inspecter les environs.
Bellatrix leva la tête vers lui, visiblement inquiète de sa réaction. Voldemort se redressa lentement, rouvrant les yeux. Seuls ses doigts crispés sur sa baguette témoignaient de son irritation, et sa voix avait une note de déception lorsqu'il dit :
- Il semble que je me sois... trompé.
Harry saisit cet instant pour ôter la cape d'invisibilité et se révéler aux yeux de tous.
- Non, vous ne vous êtes pas trompé.
Il mit autant de force que possible dans sa voix, et à son grand soulagement, elle ne trembla pas, portant dans toute la clairière. Il n'était pas question de leur montrer sa peur. Il lâcha la Pierre de Résurrection qui se perdit dans l'herbe, et, derrière lui, il vit ses parents, Sirius et Lupin s'effacer doucement tandis qu'il avançait vers le feu d'un pas sûr. La stupeur était palpable parmi la foule, et Voldemort s'était figé sur place, son regard rouge fixé sur Harry. C'était encore plus dur qu'il ne l'imaginait, de rester debout et droit, d'empêcher ses jambes de trembler... La stupeur laissa brusquement place à des cris de joie, des exclamations de surprise, et même des rires, de la part des Mangemorts. Harry s'obligea à garder les yeux fixés sur son ennemi.
Un hurlement résonna soudain par-dessus la clameur de la foule.
- HARRY ! NON !
Il tourna aussitôt la tête vers cette voix qu'il aurait reconnue entre milles. Hagrid était là, bien vivant, solidement ligoté à un arbre, le regardant avec désespoir tandis qu'il se débattait. Au-dessus de sa tête, les branches s'agitaient avec ampleur, témoignant de la force que le demi-géant mettait dans ses tentatives pour se libérer.
- NON ! NON ! HARRY, QU'EST-CE QUE TU...
Un mangemort le fit taire promptement d'un coup de baguette magique, laissant Hagrid s'agiter et hurler en silence. Harry ramena aussitôt son attention sur Voldemort, qui n'avait pas bougé, ses yeux rouges toujours fixés sur lui. Derrière sa tête, flottant dans les airs, Nagini le serpent était prisonnier de la cage étincelante, son long corps ondulant inlassablement.
Le silence s'était abattu sur la clairière. Tous étaient immobiles, à l'exception de Hagrid qui se débattait toujours. Bellatrix s'était levée dès son apparition et son regard frénétique alternait à présent entre Harry et son maître, son souffle court trahissant son éréthisme.
La sensation de sa baguette contre lui tentait Harry, mais il résista à l'envie de la saisir, serrant les poings pour s'obliger à ne pas bouger. D'une part, il ne pouvait pas essayer de tuer le serpent maintenant, il n'aurait pas la chance d'esquisser le moindre mouvement avant qu'une cinquantaine de maléfices ne le frappent aussitôt. D'autre part, il savait que s'il sortait sa baguette, il ne pourrait plus rester sans se défendre. Or, Voldemort devait le tuer.
Un peu plus tôt dans la soirée – était-ce une heure, ou bien une éternité auparavant ? - Harry avait découvert le dernier secret que Dumbledore lui avait caché. À travers le souvenir du professeur Rogue, il avait compris toutes les conséquences que le sort de mort avait eu sur lui, et sur Voldemort, cette fameuse nuit de Hallowe'en 1981.
Et ce soir, il devait mourir.
Pour détruire le morceau d'âme qui le parasitait, et donner une chance aux autres sorciers de venir à bout du mage noir une bonne fois pour toutes.
Alors il serra les poings et ne bougea pas. Voldemort continuait de l'observer, la tête légèrement penchée sur le côté, comme en proie à la curiosité. Sa bouche dépourvue de lèvre s'étira, davantage semblable à un rictus malsain qu'à un sourire sincèrement joyeux.
- Harry Potter, dit-il très doucement, et sa voix était si basse que le crépitement des flammes la masqua presque complètement. Le Survivant, ajouta-t-il quelques secondes plus tard.
Il semblait le jauger du regard tout en disant ces mots, comme si les prononcer pouvait leur conférer une sorte de symbolique obscure, un pouvoir qu'il allait se faire un plaisir de détruire. Harry ne répondit pas, gardant le regard rivé aux yeux rouges qui le fixaient intensément.
Personne ne bougeait autour d'eux, et tous retenaient leur souffle, dans l'expectative. Les seuls bruits qui brisaient le silence de la clairière étaient le souffle erratique de Bellatrix et le craquement des branches de l'arbre que Hagrid secouait sans relâche.
Puis Voldemort leva sa baguette en direction de Harry, l'observant toujours. Il la leva lentement, tout doucement, presque élégamment, et son regard semblait défier le garçon de bouger, d'oser se défendre. Mais Harry resta parfaitement immobile, prenant de profondes inspirations pour rester calme. Ses poings, étroitement serrés, tremblaient. Le Seigneur des Ténèbres le provoquait, faisant durer ce moment le plus possible en espérant qu'il réagisse, et Harry se prit à prier pour tout se termine enfin.
La baguette pointée sur lui, Voldemort lança enfin le sort mortel, et il regarda l'éclair de lumière verte foncer droit vers lui.
Il s'était attendu à beaucoup de choses. Il s'était même préparé à souffrir, comme pour un Doloris. Sirius lui avait pourtant affirmé qu'on ne sentait absolument rien. Mais il ne s'attendait certainement pas à ça.
Il avait l'impression d'avoir été pris de force dans un transplanage d'escorte – et Merlin savait qu'il avait horreur de transplaner. La sensation d'être broyé et compressé dans un tuyau était bizarrement familière étant donnée sa situation. Tout était noir autour de lui, et lorsque la sensation disparut enfin, sa cicatrice explosa de douleur. Il hurla, tentant de s'agripper la tête, mais il n'était plus conscient de son propre corps.
Lorsque la douleur commença à refluer, au bout de longues et interminables minutes de torture, des couleurs apparurent devant ses yeux. Il essaya de regarder autour de lui, mais tout était flou, brouillé par ses larmes et le sang qui coulait sur son visage. Il y avait une odeur de brûlé, de fumée âcre qui piquait les yeux et la gorge. Il toussa, sa tête roula sur le côté, et il crut apercevoir les barreaux d'un berceau d'enfant avant de se laisser sombrer dans l'inconscience.
Chapitre 1 - Le Serpent et les Lettres :
Il volait. Il parcourait le ciel et se déplaçait dans les airs, et c’était une sensation extraordinaire. Il n’avait jamais ressenti une telle liberté, une telle joie. Le vent lui fouettait le visage, ébouriffait ses cheveux déjà en bataille, les décoiffant encore plus. C’était grisant. Il traversa un nuage, sentant l’humidité se déposer sur ses mains et ses joues, puis fonça vers le sol, dans la lumière du soleil qui brillait avec force au-dessus de sa tête. Il se redressa au dernier moment, frôlant l’herbe douce d’une main, et remonta plus lentement vers les hauteurs. Il était euphorique. Il décréta qu’il adorait voler. Bientôt, un minuscule oiseau jaune vint voler à sa rencontre, tournant autour de lui avec des battements d’ailes frénétiques. Il tenta de le toucher, mais il s’échappa entre ses doigts. Alors il vola à sa poursuite. Ils enchaînèrent les acrobaties aériennes, l’un s’esquivant sans cesse et l’autre cherchant à l’attraper. Il s’amusait énormément.
La gravité se rappela brutalement à lui.
Au moment où il touchait les plumes douces de l’oiseau du bout des doigts, il se sentit chuter, aspiré par les airs dans une direction qu’il ne voulait pas emprunter. Il était stupéfait au point qu’il ne hurla même pas sa peur ; il fonçait à toute vitesse vers le sol, regardant venir à lui une chute extrêmement douloureuse. Un rire hystérique résonna à ses oreilles, et il tourna la tête juste à temps pour le voir passer à côté de lui : le drôle d’homme portait un turban violet et riait à l’idée qu’il s’écrase dans l’herbe. Le sol arriva finalement et il ferma les yeux en criant, levant les bras devant son visage dans une vaine tentative pour se protéger.
Le froid mordant de l’eau le percuta plus durement encore que s’il avait touché la terre. Il mit quelques secondes à se remettre du choc, puis rouvrit les yeux. Tout était flou dans l’eau trouble, et sombre. Il remua, esquissant quelques mouvements de nage sans vraiment savoir comment les exécuter. Il regarda autour de lui et tomba soudain sur le visage crispé et haineux d’une créature monstrueuse. Des écailles luisantes recouvraient sa peau et elle dévoila une rangée de dents pointues lorsqu’elle chercha à le mordre. Il agita les bras devant lui pour l’en empêcher, considérablement ralenti par l’eau ; les mâchoires claquèrent près de son nez avant que la créature disparaisse dans les profondeurs. Affolé, il essaya de la suivre des yeux : là où elle avait disparu, la silhouette d’un grand vase bleu flottait paresseusement. Il manquait d’air et remua vivement bras et jambes pour remonter à l’air libre.
Il creva la surface avec difficulté, comme si l’eau était dense, visqueuse. Il crachota, inspira profondément, puis reprit peu à peu une respiration normale. Il se rendit alors compte que ce n’était pas l’eau qui était sombre. C’était le soleil qui avait disparu. Le ciel également. Il y avait un plafond d’obscurité loin au-dessus de sa tête, et il ne voyait pas le fond sous ses pieds. Apeuré, il regarda autour de lui, cherchant la berge ; il la trouva un peu devant lui, entourée d’une lueur verte. Ses mouvements étaient désordonnés et l’épuisaient, puisqu’il n’avait jamais appris à nager correctement. Il buta soudain contre quelque chose qui flottait à la surface. À la faible lueur qui se dégageait de la petite île, il distingua avec horreur le corps d’un adolescent : ses cheveux blonds sales ondulaient autour de son visage pâle, ses yeux grand ouverts fixés sur le vides. Il but la tasse en voulant crier, s’étouffa et cracha l’eau dégoûtante, et il accéléra ses mouvements pour atteindre la rive.
Il grimpa difficilement, les membres endoloris, et reprit lentement son souffle, essayant de chasser de son esprit l’image du cadavre qui voguait derrière lui. Il leva ensuite la tête pour voir d’où venait la lumière verdâtre qui l’éclairait. C’était un bassin sculpté, posé sur un pied taillé dans la pierre. Il se releva en frissonnant, ses vêtements trempés l’alourdissant, et s’approcha. À l’intérieur du bassin, il y avait une eau claire qui irradiait de cette lueur morbide ; il se pencha, croyant y distinguer les traits d’un visage blafard. Le visage se mit à rire, d’un rire aigu qui lui glaça le sang, et il le regarda avec horreur s’extirper du bassin, dévoilant la silhouette d’un grand homme à la peau blanche, chauve. Il hurla sa frayeur, et de l’homme jaillit alors un jet de lumière d’un vert brillant, tandis qu’à ses oreilles résonnait la voix d’une femme qui criait...
Harry sursauta, ouvrant les yeux. La tante Pétunia frappait à la porte en répétant :
- Debout ! Lève-toi vite !
Il referma les yeux en grommelant une réponse. Il l’entendit s’éloigner vers la cuisine, et poussa un soupir. Passant une main tremblante sur son visage, il tenta de chasser les brides du cauchemar de son esprit. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait ce genre de rêves. Souvent, il s’agissait de cauchemar comme celui qu’il venait de faire, d’autant plus effrayants qu’il ne comprenait pas les images qu’il y voyait ; mais parfois, c’était de doux rêves, un peu bizarres, mais sereins, où il était entouré de gens qui semblaient l’aimer. Il ne s’en rappelait jamais grand-chose une fois qu’il était réveillé, et les visages étaient toujours flous, indistincts. Même les beaux rêves étaient effrayants, d’une certaine façon...
- Ça y est ? Tu es levé ? demanda sa tante, revenue derrière la porte.
Il lui répondit intelligiblement cette fois-ci. S’asseyant, il chercha ses vêtements et les trouva sous le lit. Une araignée tomba des replis de l’une des chaussettes, et il la regarda s’éloigner avec indifférence. Harry avait l’habitude des araignées. Il n’avait pas vraiment le choix : il y en avait plein dans le placard sous l’escalier, et c’était justement là qu’il dormait. Une fois habillé, il sortit dans le couloir et rejoignit la cuisine. Sa tante lui demanda de l’aider à préparer le petit-déjeuner, et il s’occupa du bacon.
- Ne le laisse surtout pas brûler ! le prévint-elle. Je veux que tout soit parfait pour l’anniversaire de Dudley, ajouta-t-elle avant de quitter la cuisine.
L’anniversaire de Dudley. Difficile de ne pas s’en souvenir en voyant la table entièrement recouverte d’une montagne de cadeaux aux emballages colorés. De toute évidence, il y avait là le nouvel ordinateur que Dudley désirait tant, ainsi qu’une deuxième télévision et un vélo de course. Harry n’avait toujours pas compris pourquoi Dudley avait tant voulu un vélo de course, lui qui détestait faire du sport. Sauf bien sûr lorsqu’il s’agissait de boxer Harry – son sport préféré. Mais il parvenait rarement à l’attraper, Harry étant bien plus rapide et agile que son énorme cousin.
L’oncle Vernon arriva en premier dans la cuisine, alors que l’odeur du bacon grillé se répandait lentement dans l’air.
- Va te peigner ! cria-t-il en guise de bonjour.
Harry leva les yeux au ciel devant la poêle. Il avait cessé depuis longtemps d’essayer de les coiffer : ses cheveux noirs avaient beau être coupés et peignés plus souvent que la normale, ils continuaient à pousser dans tous les sens, comme à leur habitude. C’était un combat perdu d’avance, et Harry s’était résigné à écouter les réprimandes hebdomadaires de Vernon.
Il était en train de garnir les assiettes lorsque Dudley arriva à son tour, suivi par la tante Pétunia qui était allée le réveiller. Dudley ressemblait beaucoup à son père, gros, avec un cou pratiquement invisible, mais il avait les yeux bleus et d’épais cheveux blonds comme sa mère. Ainsi qu’en témoignaient les nombreuses photographies qui décoraient le salon, Pétunia avait toujours adoré habillé Dudley comme un chérubin, avec des bonnets de toutes les couleurs. D’après Harry, quiconque regardait ces photographies devait penser qu’elle avait déguisé un cochon portant une perruque. Il essaya tant bien que mal de dissimuler un sourire moqueur à cette pensée, tandis qu’il disposait les plats sur la table – ou sur le peu de table qui était encore visible ; Dudley, lui, comptait lentement ses cadeaux. Lorsqu’il eut fini, son visage rond s’affaissa de déception.
- Trente-six, annonça-t-il en relevant les yeux. Ça fait deux de moins que l’année dernière.
Harry, et tante Pétunia également, sentirent venir la crise : alors que Pétunia promettait précipitamment de lui acheter d’autres cadeaux, avec force surnoms affectueux, Harry s’empressait de finir ses œufs au bacon avant que son cousin n’ait l’idée de retourner la table. Mais la promesse suffit à calmer Dudley, et il s’assit enfin pour déballer ses paquets. Le téléphone se mit à sonner à cet instant. La tante Pétunia sortit de la cuisine pour aller répondre, et elle revint quelques minutes plus tard avec une expression à la fois furieuse et inquiète au visage.
- Mauvaise nouvelle, Vernon, annonça-t-elle dans une grimace contrariée. Mrs Figg s’est cassé une jambe, elle ne pourra pas le prendre.
En même temps qu’elle disait ces mots, elle fit un signe de tête vers Harry pour le désigner. Si l’oncle Vernon partagea la contrariété de sa femme, Dudley affichait une moue horrifiée, bouche bée. Quant à Harry, il se prit à espérer que cette journée soit meilleure que les années précédentes : à chaque anniversaire de Dudley, ses parents l’emmenaient avec un ami dans toutes sortes d’endroits amusants, dans des parcs d’attractions, ou au cinéma, et à chaque fois, Harry était confié à Mrs Figg. Mrs Figg était une vieille femme un peu folle qui vivait deux rues plus loin, sa maison sentait le chou, et elle passait son temps à lui montrer toutes les photos des chats qu’elle avait eus – et avait encore. Elle avait probablement trébuché sur l’un de ses innombrables compagnons. Harry s’efforça d’afficher une petite moue compatissante, mais il était surtout soulagé à l’idée de ne pas avoir à écouter toutes les histoires de la vieille femme au sujet de ses chats une fois de plus.
La tante Pétunia et l’oncle Vernon discutaient entre eux de ce qu’ils pourraient bien faire du garçon ce jour-là. Ils parlaient souvent comme si Harry n’était pas là, ou plutôt comme s’il était une sorte de créature attardée incapable de comprendre ce qu’ils disaient.
- Vous n’avez qu’à me laisser ici, intervint Harry, sans toutefois trop y croire.
La tante Pétunia fit une horrible grimace, comme si elle avait quelque chose de très amer dans la bouche.
- C’est ça, grinça-t-elle, et quand nous reviendrons, la maison sera en ruines ?
Harry ne comprit pas l’allusion – comment aurait-il pu faire sauter la maison ? – mais ils n’écoutèrent pas ses protestations. Dudley se mit alors à chigner, tordant sa bouche et plissant ses yeux. Il y avait bien longtemps qu’il ne pleurait plus pour de vrai, mais il savait que lorsqu’il commençait à geindre, sa mère était prête à tout pour qu’il cesse. Alors qu’il se plaignait entre les bras maternels qui le consolaient, il lança un grand sourire mauvais en direction de Harry, qui lui répondit par un regard noir.
La sonnette de la porte d’entrée retentit alors.
- Oh, mon Dieu, les voilà ! s’exclama la tante Pétunia.
Elle se dépêcha d’aller accueillir Mrs Polkiss et son fils, Piers, le meilleur ami de Dudley. C’était un grand garçon efflanqué, et si, aux yeux de Harry, Dudley ressemblait à un cochon, Piers avait plutôt une tête de rat. Lorsque son cousin cherchait à taper sur quelqu’un, Piers était toujours celui qui maintenait la victime pour l’empêcher de se défendre. Dudley cessa de geindre aussitôt qu’il le vit.
Une demi-heure plus tard, Pétunia et Vernon n’avaient pas trouvé d’autre solution que d’emmener Harry avec eux. Même si c’était en compagnie de Piers et Dudley, Harry était plutôt content : il allait visiter le zoo pour la première fois. Son oncle l’avait toutefois pris à part avant qu’il monte en voiture.
- Je te préviens, mon garçon, que s’il se produit la moindre chose bizarre, tu ne sortiras pas de ce placard avant Noël ! avait-il menacé derrière sa moustache brune.
Harry avait promis, mais il aurait été bien en mal de tenir sa promesse : il se produisait souvent des « choses bizarres » autour de lui, et son oncle et sa tante refusaient toujours de croire qu’il n’y était pour rien. Harry avait pourtant du mal à comprendre comment il pouvait être responsable de ces événements inexplicables. Sur le moment, avant qu’il ne puisse réfléchir à essayer de trouver une explication logique à ce qui venait de lui arriver, sur le moment la pensée de comparer cela à de la magie lui traversait l’esprit. Le mot interdit avait alors une saveur étrange, comme un arrière-goût familier. Mais il était bien en peine de comprendre pourquoi.
Dans l’ensemble, la journée commença plutôt bien. Vernon se plaignit de la mauvaise conduite d’un motard (son oncle aimait beaucoup se plaindre de toutes sortes de choses). Ils trouvèrent une place de parking non loin de l’entrée du zoo, qui était pourtant bondé de visiteurs en cette belle journée ensoleillée. Harry eut droit à une sucette lorsque son oncle acheta de grosses glaces à Dudley et à Piers (il remerciait mentalement la jolie vendeuse qui lui avait demandé ce qu’il voulait, et son oncle avait dû accepter de lui acheter quelque chose également). Il passa une matinée vraiment agréable à regarder les animaux, restant tout de même prudemment à l’écart de son cousin au cas où il se lasserait de la visite et préfère recommencer à lui taper dessus. Ils déjeunèrent ensuite au restaurant du zoo, où Harry eut le droit de finir l’énorme coupe de crème glacée de Dudley parce que celui-ci ne la trouvait pas assez grosse à son goût. C’est ensuite, lorsqu’ils se rendirent au vivarium afin d’y observer les reptiles, que les choses se gâtèrent pour Harry.
Dans le bâtiment, il faisait sombre et frais, et de grandes cages éclairées de l’intérieur s’alignaient le long des murs. Il y a là toutes sortes de lézards, tortues et autres serpents, installés dans des décors de pierre et de bois. Dudley et Piers, des images d’énormes cobras au venin mortel ou de pythons broyeurs d’hommes plein la tête, ne tardèrent pas à trouver le plus gros serpent du vivarium. L’animal était long d’au moins six mètres, paresseusement enroulé au milieu de la cage, et paisiblement endormi.
- Fais-le bouger, ordonna Dudley à son père d’une voix geignarde.
L’oncle Vernon tapa contre la vitre de verre plusieurs fois, mais le reptile n’en avait rien à faire. Dudley décréta qu’il était ennuyeux et s’éloigna en traînant des pieds. Harry put alors s’approcher à son tour et contempler les anneaux luisants du serpent. Un coup d’œil au panonceau devant la vitre lui apprit qu’il s’agissait d’un boa constrictor originaire du Brésil, et que celui-ci était né au zoo. Il approcha plus près et posa une main contre le verre, se disant distraitement que ce devait être une vie mortellement ennuyeuse que d’être coincé dans une cage sans rien à faire... Lui était enfermé dans un placard, mais il pouvait au moins en sortir régulièrement. Il poussa un soupir compatissant, reculant légèrement son visage de la vitre lorsqu’il vit la buée de son souffle s’y déposer.
Soudain, le serpent ouvrit les yeux, des yeux brillants qui se fixèrent sur le jeune humain. Il se redressa lentement, jusqu’à ce que sa tête soit à la même hauteur que celle du garçon. En voyant l’animal bouger, Harry, captivé, ouvrit la bouche dans une exclamation muette. Mais à cet instant, une image jaillit devant ses yeux comme un flash : il se vit debout, dans un endroit sombre, face à un gigantesque serpent, monstrueux, et crochets en avant prêt à l’attaquer. L’image disparût aussi vite qu’elle était venue, et Harry resta pantelant, pétrifié de peur. Il s’appuya un peu plus sur la vitre pour éviter de tanguer sous le vertige, le souffle court. Il avait l’habitude des cauchemars. Il ne s’en souvenait jamais assez bien pour qu’il en garde autre chose qu’une sensation d’inconfort et d’interrogation. Mais parfois, très rarement, il arrivait que les cauchemars lui viennent alors qu’il était éveillé. Les images étaient alors terriblement plus nettes, saisissantes et aussi réelles qu’un souvenir. C’était beaucoup plus effrayant, car si les mauvais rêves pouvaient s’expliquer – il lisait beaucoup, à l’école, après tout, et il regardait la télévision avec les Dursley pendant les repas, cela pouvait venir de là – les flashs qu’il avait quelques fois en pleine journée ne correspondaient à rien. À ce qu’il sache, il n’avait jamais affronté de serpent géant dans une grotte lugubre... S’étant ressaisi, Harry se recula de la paroi de la cage et en détacha lentement sa main. Il regarda la trace laissée par la moiteur de sa paume avec un mélange de contrariété et d’appréhension. Derrière la vitre, le boa attira à nouveau son regard ; il semblait le transpercer de ses yeux noirs, et sa langue, caractéristique, sortit humer l’air en s’agitant. Alors, comme si Harry n’avait pas déjà eu assez d’émotions, il se mit à siffler :
- Ssssa alors... un ssssorcier...
Harry resta figé, les yeux écarquillés. Au même moment, un cri retentit derrière lui.
- DUDLEY ! MR DURSLEY ! VENEZ VOIR LE SERPENT, VOUS N’ALLEZ PAS LE CROIRE !
Piers s’était approché, complètement excité de voir l’animal bouger. Dudley se précipita vers eux et poussa rudement son cousin hors de son chemin, si rudement que Harry, pris par surprise, en tomba par terre.
La suite fut assez floue à ses yeux. Dudley et son ami se mirent à pousser des cris épouvantés, lesquels gagnèrent très vite la petite floue de visiteurs alors présente dans le vivarium. Les gens se bousculèrent pour sortir, et Harry se serait sûrement fait marcher dessus s’il ne s’était pas déplacer contre le mur le plus proche. À la fin, il ne resta plus que Piers, les Dursley et leur neveu, en compagnie du gardien qui répétait :
- La vitre... Où est passée la vitre ?
Le directeur du zoo vint lui-même se confondre en excuses auprès de Vernon et Pétunia et leur offrir une tasse thé fort, avant qu’ils ne regagnent tous la voiture.
Quand Piers fût rentré chez lui, l’oncle Vernon se tourna vers Harry, sa grosse figure rouge de fureur.
- File... placard... pas bouger... rien à manger... parvint-il seulement à articuler.
Harry ne chercha même pas à protester et obéit rapidement sans dire un mot. Il était lui-même encore choqué par ce qui s’était passé.
Lorsque la punition se termina, l’école était finie et les vacances d’été déjà bien entamées. Dudley avait eu le temps d’abîmer ou de casser plusieurs de ses nouveaux jouets. Harry prit l’habitude de passer le plus clair de son temps loin de la maison pour échapper aux amis de son cousin. Ils étaient tous aussi grands et bêtes que Dudley, et toujours ravis de partir à la « chasse au Harry ». Une petite routine s’installa rapidement. Courant juillet, la tante Pétunia et Dudley se rendirent à Londres pour lui acheter son uniforme scolaire ; à la rentrée, Dudley devait entrer dans un collège privé, Smelting, dans lequel l’oncle Vernon avait lui-même étudié autrefois. Harry, lui, se contenterait du collège du quartier, mais ce n’était pas pour lui déplaire : il allait enfin ne plus être dans la même école que son cousin. Il n’aurait pas à supporter Dudley, et peut-être même qu’il pourrait enfin se faire des amis. Jusqu’à présent, personne ne voulait lui parler ni même s’approcher de lui, car Dudley et sa bande y veillaient. Quant à son propre uniforme, il eut la réponse un matin en entrant dans la cuisine : la tante Pétunia avait teint en gris de vieux vêtements de Dudley, prétendant que cela ferait bien l’affaire. L’odeur qui se dégageait de la bassine de teinture avait de quoi couper toute envie de petit-déjeuner. Mais ça ne sembla pas incommoder outre-mesure l’oncle Vernon et son fils qui s’installèrent à la table de la cuisine comme d’habitude. À ce moment-là, la boîte aux lettres de la porte d’entrée cliqueta alors que le facteur y glissait le courrier du jour. Ce fut Harry qui dut aller le chercher.
Il y avait une carte postale de Marge, la sœur de l’oncle Vernon. Une enveloppe de papier brun, sans doute une facture. Et une lettre pour Harry.
Il la contempla, stupéfait. Il ne recevait pas souvent de lettres. Pour ainsi dire, jamais : il n’avait pas d’ami, ni autre famille que les Dursley. Il n’était même pas inscrit à la bibliothèque pour éviter les désagréables lettres de rappel...
Pourtant, l’adresse, tracée à l’encre verte sur une enveloppe de parchemin jauni, ne laissait aucun doute :
Mr Harry Potter Dans le placard sous l’escalier 4, Privet Drive Little Whinging Surrey
Elle était lourde et épaisse, et le plus étrange : il n’y avait pas de timbre. Au dos, il y vit un cachet de cire frappé d’un écusson qui montrait un lion, un serpent, un aigle et un blaireau entourant la lettre « P ».
L’oncle Vernon l’appela depuis la cuisine, lançant une blague douteuse sur un colis piégé qui le fit rire tout seul. Harry retourna lentement dans la cuisine, donna la carte postale et la facture à Vernon, et entreprit d’ouvrir sa mystérieuse lettre. Par la suite, il regretta amèrement de ne pas l’avoir fait dans l’entrée, loin du regard mauvais de son cousin.
- Papa ! cria-t-il brusquement, alors que Vernon répétait les nouvelles de sa sœur à Pétunia. Papa, regarde ! Harry a reçu quelque chose !
La lettre lui fut arrachée des mains, et la réaction de son oncle et sa tante lui parut suspecte : ils balbutiaient de stupeur, le visage pâle, et Pétunia répétait « Oh, mon Dieu ! ». Harry eut beau protester et réclamer sa lettre, Vernon ne la lui rendit pas. Il les poussa, Dudley et lui, dans le couloir avant de claquer la porte de la cuisine. La conversation qu’ils entendirent de l’autre côté renforça la suspicion de Harry : ils lui cachaient quelque chose. Un peu plus tard, il eut la surprise de voir son oncle entrer dans le placard où il dormait.
- Où est ma lettre ? attaqua-t-il à nouveau. Qui est-ce qui m’a écrit ?
- Personne. C’était une erreur, répondit Vernon en s’accroupissant devant Harry. Je l’ai brûlée.
Il s’indigna du culot de l’homme : il y avait tout de même l’adresse de son placard dessus ! Vernon lui cria de se taire, faisant tomber quelques araignées du plafond qui se hâtèrent de ramper sous le matelas, avant de reprendre plus calmement.
- Justement, Harry, à propos du placard...
Harry voyait bien que son sourire était forcé, et qu’il se forçait également à lui parler « gentiment ». Il lui annonça qu’il devait quitter le placard sous l’escalier pour la deuxième chambre de Dudley. L’étage de la maison était constitué de quatre chambres : une pour l’oncle Vernon et la tante Pétunia, une chambre d’amis qui servait essentiellement lors des visites de Marge, une où Dudley dormait, et une où il y mettait ses jouets. Les jouets cassés, hors d’usage, et tout ce dont il ne se servait plus (il n’y avait que les étagères pleines de livres qui semblaient totalement intactes). Harry regarda autour en soufflant de dépit, tout en écoutant Dudley pousser des cris d’orfraie contre ses parents pour récupérer ladite chambre.
Le lendemain, une autre lettre arriva, adressée à « Mr Harry Potter, Dans la plus petite chambre du 4, Privet Drive... ». Malgré ses efforts, il ne parvint pas à mettre la main dessus, et Vernon la détruisit également. Le lendemain encore, il essaya de récupérer le courrier avant tout le monde, mais son oncle l’avait précédé : il s’était couché devant la porte d’entrée pour empêcher Harry de sortir, et Harry lui avait accidentellement marché dessus. Ce jour-là, il brûla les trois lettres qui étaient arrivées. Le jour suivant, douze lettres arrivèrent – et rejoignirent les autres en se consumant dans l’évier – et Vernon condamna la porte avec des planches pour les empêcher d’entrer. Le jour d’après, les vingt-quatre enveloppes destinées à Harry avaient été dissimulées dans des coquilles d’œufs que la tante Pétunia avait récupéré de la part du livreur par la fenêtre du salon. L’oncle Vernon était plus furieux que jamais, et Dudley était abasourdi.
- Mais qui peut bien avoir envie de t’écrire à ce point ?
Harry se posait aussi la question.
Le lendemain était un dimanche. Le stress de ces derniers jours donnait à Vernon un air malade et exténué, mais ce matin-là, il souriait, un peu plus joyeux.
- Pas de courrier le dimanche. Aucune lettre aujourd’hui !
Au moment où il étalait de la marmelade sur un toast, un bruit sourd retentit dans la cheminée, et un gros paquet explosa dans le foyer électrique. Des dizaines de lettres furent projetées à travers la cuisine, provoquant les cris de la tante Pétunia. Dudley se cacha sous la table pour éviter les projectiles qui traversaient les airs à toute vitesse, et Vernon ceintura Harry pour l’empêcher d’en attraper une au vol. Il fit sortir tout le monde vers le couloir, refermant la porte sur eux.
- CETTE FOIS, ÇA SUFFIT ! hurla-t-il, échouant lamentablement à garder une voix calme tant il était exaspéré. Je veux que tout le monde soit prêt à partir dans cinq minutes. On s’en va !
À cet instant précis, la sonnette de la porte d’entrée retentit.
Dernière édition par Néodie Turcotte le Mar 4 Juin - 12:59, édité 1 fois
Néodie Turcotte
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Sujet: Re: [Fanfiction] Le Secret de l'Avada Kedavra Mar 4 Juin - 12:58
Il se trouve que chaque post a une longueur maximale, alors... Je mettrai les liens des posts où on peut trouver les chapitres, pour que ce soit plus clair, dans le premier post ! :)
Chapitre 2 - Le Secret :
Figés dans le couloir, l’oncle Vernon, la tante Pétunia, Dudley et Harry regardaient la porte d’entrée. L’air autour d’eux semblait avoir quelque chose d’inconfortable, comme une appréhension qui n’avait aucune raison d’être. Derrière la porte de la cuisine, le bruit des lettres rebondissant contre les murs se faisait encore entendre. Puis la sonnette résonna encore une fois à travers la maison. Les époux Dursley échangèrent entre eux un long regard, puis Pétunia hocha faiblement la tête et se décida à aller ouvrir. Pendant qu’elle avançait, Vernon envoya discrètement les garçons chacun dans leur chambre, mettant une claque à l’arrière du crâne de Dudley lorsque celui-ci fit mine de vouloir bruyamment protester.
Pétunia ouvrit la porte d’entrée, s’étant composée une expression polie et avenante malgré ce qui se passait dans sa cuisine.
Sur le perron se tenait un homme d’une trentaine d’années, vêtu d’un costume trois pièces marron clair, une petite mallette de la même teinte à la main. Il avait des cheveux bruns lisses, coiffés en arrière sur le haut de sa tête. Rasé de près, des mocassins noirs brillants aux pieds, et la chaîne d’une montre à gousset dépassant de la poche de son pantalon, il semblait propre sur lui et de bonne compagnie. Lorsqu’elle ouvrit la porte, il tourna vers elle un visage souriant qu’illuminaient ses grands yeux bleus. Pétunia lui rendit son sourire, charmée.
Il inclina légèrement la tête pour la saluer.
- Bonjour, Mrs Dursley. Je vous prie de m’excuser pour le dérangement, mais je souhaiterais m’entretenir avec vous au sujet de...
Il regarda ostensiblement autour de lui pour vérifier que personne n’était dans la rue aux alentours, puis se pencha un peu plus vers elle pour terminer, un ton plus bas :
- … votre neveu.
Pétunia eut un sursaut. Son neveu ? L’école était terminée depuis un mois, et elle s’était depuis longtemps assurée de ne pas avoir à discuter avec les professeurs au sujet du garçon. Mais le mépris clairement évident dans la voix de l’homme lorsqu’il avait mentionné le gamin lui assurait qu’il ne venait pas de la part de l’école. En ces quelques secondes qu’il lui fallut avant de répondre, Pétunia se souvint. Elle se rappela que Vernon et elle n’étaient pas les seuls à être « au courant ». Ses propres parents avaient su. D’autres personnes devaient « savoir » également. Et apparemment, tous ne semblaient pas aussi enthousiastes que l’avaient été ses parents devant leur plus jeune fille. Le dédain et le dégoût dans la voix de cet homme indiquaient manifestement qu’il partagerait la même opinion qu’elle. Elle s’en sentit incroyablement soulagée et réconfortée.
Alors elle lui sourit, le plus aimablement possible étant donné le sujet de leur conversation à venir, et ouvrit plus largement la porte pour l’inviter à entrer. Ce fut une erreur.
À peine l’homme était-il entré qu’il referma prestement la porte de lui-même. Puis il se tourna vers Pétunia et Vernon, toujours posté devant la cuisine, avec une mine sérieuse et beaucoup moins avenante. Il eut un geste négligent du poignet, sans les quitter des yeux. Le cliquetis du verrou de la porte d’entrée résonna dans le couloir. Pétunia mit une main sur sa bouche, d’abord stupéfaite, puis furieuse de s’être faite berner aussi facilement. Derrière elle, Vernon serrait et desserrait les poings, outré que sa femme ait fait entrer un tel hurluberlu dans leur maison. Ce type avait des cheveux longs – longs ! - mal coiffés, en pagaille, et il osait afficher son mauvais goût en portant une large chemise verte et un pantalon bleu, qui juraient encore plus avec les bottes rouges. Vernon le jaugea du regard, tentant de déterminer s’il était vraiment dangereux ou non avant d’essayer de le jeter hors de chez eux.
L’inconnu s’avança dans le couloir, et Pétunia recula précipitamment vers son époux.
- En réalité, sourit-il, je voudrais plutôt parler à votre neveu.
Son ton n’avait plus rien de méprisant, et il semblait parfaitement cordial. Les Dursley échangèrent un regard inquiet, se demandant tous deux ce dont cet homme était capable. Puis Vernon grogna quelque chose d’indistinct avant de crier vers l’étage :
- Potter ! Descends tout de suite !
Pétunia indiqua calmement le salon d’un signe de main, ne voulant plus adresser la parole à l’individu. Il la suivit, affichant toujours son sourire poli qui commençait à l’énerver. Vernon continua de marmonner dans sa moustache, probablement des insultes, avant de les rejoindre.
*_*_*
Dans sa chambre, Harry faisait les cents pas, bien trop énervé pour attendre tranquillement. Il entendait les sons qu’émettait Dudley devant un jeux vidéo quelconque, et cela l’empêchait d’écouter la moindre bride de conversation venant du rez-de-chaussée. Il espérait de toutes ses forces que ce ne soit qu’une amie de tante Pétunia. Ainsi, elle la conduirait au salon, et l’oncle Vernon ne pourrait que les suivre pour paraître courtois, et alors, s’il restait discret, il pourrait retourner à la cuisine récupérer une des lettres. Ce devait être vraiment important pour l’expéditeur s’acharne à ce point... Il se laissa tomber sur le lit de dépit, avant de sauter à nouveau sur ses pieds pour regarder par la fenêtre. Aucune voiture en vue. Ça ne pouvait pas être une amie de sa tante, elles ne vivaient pas à Privet Drive même, et elles venaient toujours en voiture. Harry recommença à marcher rageusement, incapable d’entendre quoi que ce soit...
Soudain, son oncle lui cria de descendre. Harry se figea sur place, les hypothèses les plus folles tourbillonnant dans sa tête. Puis il sortit rapidement de la chambre et dévala l’escalier, se moquant bien de faire du bruit – soit quelqu’un était venu pour lui, soit l’invité surprise était parti, alors il pouvait bien être bruyant pour une fois.
Une fois dans le couloir, il hésita. La porte du salon, en face de lui, était entrouverte. Celle de la cuisine, à sa droite, toujours fermée. Oserait-il... ?
- Dans le salon ! cria à nouveau l’oncle Vernon.
Poussant un soupir de frustration, Harry le rejoignit. Il se figea un instant sur le seuil en découvrant son oncle et sa tante, sur le canapé, et un vieil homme qu’il ne connaissait pas sur l’un des fauteuils. Vernon et Pétunia avaient l’air passablement énervé. Leur invité souriait tranquillement. Harry sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine : l’inconnu était là pour lui ! Il allait enfin avoir le fin mot de cette histoire.
Il avança dans la pièce, et après une seconde d’hésitation, s’assit dans le dernier fauteuil, en face de tout le monde. Il y eut un long moment de silence. Harry dévisageait le vieil homme : il avait de longs cheveux blancs et une barbe qui lui tombait sur le ventre comme il était assis. Il portait une sorte de longue robe, avec des manches cachant le haut de ses mains ridées, et qui tombait jusqu’au sol, ne laissant voir que le bout de ses chaussures bleues. La robe elle-même était d’un beau bleu nuit, parsemé d’étoiles argentées. L’homme semblait très vieux, mais ne portait pas de lunettes. Il supporta la curiosité de Harry en souriant gentiment, puis se tourna finalement vers les Dursley.
- Que diriez-vous d’aller prendre une bonne tasse de thé ? Les émotions de la matinée ont dû vous épuiser, proposa-t-il aimablement. De plus, les lettres ont l’air de s’être calmées... Pourquoi ne pas en profiter pour regarder l’une de vos émissions à la télévision ?
L’oncle Vernon et la tante Pétunia échangèrent un regard paniqué, et Harry lui-même se demanda comment l’homme pouvait bien être au courant de ce qui s’était passé dans la cuisine. Et comment il avait pu savoir qu’il y avait une télévision dans un coin ! Ce fut sans doute cette pensée qui terrifia sa tante, car elle se leva prestement, agrippant le bras de Vernon pour l’inciter à la suivre. Ils sortirent tous deux du salon presque en courant, claquant la porte derrière eux.
Harry ramena son regard vers l’inconnu. Le sourire de celui-ci s’agrandit un peu plus, et il lui fit un clin d’œil avant d’agiter la main vers la porte. La serrure cliqueta sous les yeux stupéfaits du garçon.
- Maintenant que nous ne sommes que tous les deux, Harry Potter, nous allons pouvoir discuter, annonça-t-il.
Harry hocha la tête en déglutissant.
- Pourquoi ne te rapprocherais-tu pas ? offrit-il en désignant la place sur le canapé près de lui.
Harry se demanda si c’était une bonne idée, mais le sourire du vieillard semblait tellement sincère qu’il finit par se lever. Une fois installé, il resta toutefois sur ses gardes.
- Harry Potter... Tout d’abord, laisse-moi te dire que c’est un grand plaisir de te rencontrer enfin, reprit l’inconnu. J’ose espérer que nous pourrons faire plus amples connaissances plus tard, Harry, mais aujourd’hui, j’ai quelque chose d’important à te dire.
Il écarta un pan de la robe, révélant qu’il portait en fait une chemise et un pantalon classique par-dessous, et fouilla dans une poche avant de lui tendre une enveloppe de parchemin.
- Pour commencer, je crois que ceci t’est destiné.
Il rit lorsque Harry la lui arracha presque des mains pour l’ouvrir fébrilement. Il cassa le sceau de cire aux armoiries inconnues, et en sortit deux feuilles faites du même parchemin jauni que l’enveloppe. Il ouvrit la plus fine d’entre elles et put enfin lire.
« COLLÈGE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directeur : Albus Dumbledore Commandeur du Grand-Ordre de Merlin Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers
Cher Mr Potter,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au Collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, cher Mr Potter, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall Directrice adjointe. »
Harry posa la lettre sur ses genoux. Et bien, voilà qui n’était pas ordinaire... Il déplia l’autre feuille pour y jeter un œil, découvrant alors un large papier blanc qui y était glissé. C’était le billet d’un train, nommé « Poudlard Express », au départ de la gare de King’s Cross, Londres, pour le 1 septembre. L’autre feuille constituait la liste des fournitures à se procurer avant la rentrée.
Abasourdi, Harry releva les yeux vers le vieil homme qui l’observait avec intérêt. Puisqu’il attendait visiblement qu’il parle, Harry commenta faiblement :
- Hé bien... C’est inattendu...
L’autre sourit, et Harry posa brusquement la question :
- Excusez-moi, monsieur, mais qui êtes-vous ?
Le sourire s’élargit un peu plus, si c’était possible.
- Ah, Harry... Voilà une question à laquelle je ne peux pas répondre tout de suite. J’ai d’abord plusieurs choses à t’expliquer, et ensuite, promis, tu pourras me poser toutes les questions que tu voudras.
Hochant distraitement la tête, Harry baissa les yeux vers les parchemins sur ses genoux.
- Dis-moi, tu ne sembles pas très surpris par le contenu de cette lettre...
- Je suis un sorcier, c’est ça ? C’est vrai, ça ne me surprend pas vraiment. Enfin, je ne voulais pas y croire au début, parce que, et bien, je croyais que j’avais rêvé, vous voyez, parce que c’était tellement hallucinant que... Il s’interrompit en se rendant compte qu’il babillait. Excusez-moi. Je voulais dire, on me l’a déjà dit, c’est pour ça, résuma-t-il.
- On t’a déjà dit que tu étais un sorcier ?
- Plus ou moins.
Et il avait eu le temps d’y réfléchir, bien malgré lui. Hallucination ou pas, il s’était rappelé des événements étranges qui se produisaient autour de lui, et qui mettaient les Dursley si en colère. Il avait toujours cru qu’il n’y était pour rien, mais à présent... La fois, par exemple, où la bande de Dudley le poursuivait à travers la cour de l’école. Il avait sauté par-dessus le local à poubelle pour leur échapper, et sans comprendre comment, il s’était retrouvé sur le toit. À l’abri, manifestement. Ou bien encore, la fois où la tante Pétunia lui avait coupé les cheveux si court qu’il en était devenu presque chauve. Dudley s’était moqué de lui en riant, et il avait eu tellement peur d’aller à l’école ainsi le lendemain que sa tignasse avait repoussé dans la nuit. Il pouvait se rappeler d’autres anecdotes de la même sorte. À chaque fois, sous le coup d’une émotion forte, il s’était produit quelque chose d’étrange autour de lui. Plus récemment, sa mésaventure au vivarium du zoo...
- Et, si je puis me permettre, qui te l’a dit ?
- Un serpent, répondit rapidement Harry.
Il guetta la réaction du vieillard, mais celui-ci souriait toujours, un étincelle d’amusement dans le regard.
- Je vois... Ça a dû être surprenant, j’imagine.
Le garçon hocha vivement la tête, sans mentionner toutefois que le plus « surprenant » dans cette rencontre avait été l’image du monstrueux serpent géant qui avait flashé devant ses yeux.
- Vous... vous deviez m’expliquer des choses ? osa-t-il rappeler.
Le vieil homme soupira et s’installa plus confortablement dans le fauteuil rembourré de l’oncle Vernon.
- C’est exact. Mais avant de commencer, je prendrais bien une petite tasse de thé, qu’en dis-tu ?
Il agita à nouveau sa main dans les airs, avec désinvolture, et deux tasses de thé accompagnées d’une assiette de petites pâtisseries apparurent sur la table basse devant eux. Au même moment, le cri perçant de la tante Pétunia s’éleva de la cuisine. Harry sursauta et tourna un regard effaré vers le vieil homme, qui lui fit un second clin d’œil.
- Elle s’en remettra, assura-t-il. Un gâteau ?
Après qu’ils se soient tous deux servis, il reprit plus sérieusement.
- Bien, Harry. Je voudrais d’abord savoir s’il t’est déjà arrivé de... faire des rêves étranges, dirons-nous.
Sans comprendre pourquoi, Harry se méfia aussitôt.
- Comme tout le monde, je suppose, fit-il prudemment.
- Je voulais dire, des rêves où tu te verrais toi-même dans des endroits ou des situations que tu n’as pourtant jamais vus ou vécues. Des personnes, que tu ne connaîtrais pas. Des cauchemars, peut-être ?
Le regard bleuté du vieil homme l’incita à répondre honnêtement. Peut-être aurait-il une explication à cela ?
- Oui. Des cauchemars. J’ai... des images dans la tête. C’est flou. Souvent, ce sont des cauchemars, mais parfois... Il hésita, mais un mouvement engageant de la part du vieillard le poussa à continuer. Parfois, ce sont de bons rêves. Je veux dire, ils ne font pas peur comme... les autres. Mais c’est effrayant quand même... Et quelques fois...
- Oui ? Quelques fois ?
Harry inspira un bon coup avant de terminer.
- Quelques fois, ça arrive quand je suis éveillé. Et alors, ce n’est pas flou, pas du tout. C’est net et précis, comme un souvenir. C’est terrifiant.
Il inspira à nouveau. La simple mention de ces flashs le faisait trembler. Ses mains agrippèrent les feuilles de parchemin.
- Qu’est-ce que ça signifie... ? demanda-t-il, un peu timidement.
Le vieil homme ne répondit pas à sa question. À la place, il reprit ses explications.
- Le Temps est une chose étonnante, Harry Potter.
- Le temps ?
- Oui. As-tu déjà essayé d’imaginer le Temps ? À quoi ressemblerait-il ?
Le garçon le fixa un moment avec de grands yeux ronds, ne voyant pas du tout le rapport avec les rêves.
- Euh... Et bien, je dirai... tenta-t-il, mais il n’avait jamais réfléchi à ça auparavant. Je, je ne sais pas, reconnut-il d’un air penaud.
- Ce n’est rien, Harry, ce n’est rien, le rassura le vieillard. As-tu déjà entendu l’expression « la ligne du temps » ?
- Oui, mais...
- En réalité, cette ligne n’est pas rectiligne. Cette ligne forme des courbes, des arabesques, elle n’est pas fixée entre deux points précis.
Alors, l’homme pencha vers lui un regard perçant, mortellement sérieux.
- Et il arrive, parfois, qu’elle forme aussi des boucles.
Harry n’osa rien dire, les yeux écarquillés. L’autre se renfonça lentement dans le fauteuil, le regard braqué sur lui.
- Devines-tu où je veux en venir, Harry Potter ?
Non, non il ne voyait pas du tout. Il était un sorcier, il faisait des rêves étranges, et le temps formait des boucles ?
- N... non, désolé...
Bizarrement, il se sentit mal à l’aise, comme un enfant venant de décevoir un enseignant sympathique. L’enseignant en question se contenta de sourire gentiment avant de reprendre.
- Ces images qui te viennent en tête, tu m’as dit toi-même qu’elles ressemblaient à des souvenirs, n’est-ce pas ?
Harry hocha vaguement la tête.
- Des images de gens qui te semblent familiers. Des endroits où tu n’as jamais mis les pieds, et que tu reconnais pourtant. Des situations que tu n’as jamais vécues, et dont, malgré tout, tu te souviens...
- Je...
- Certaines choses se sont passées, autrefois. Une fois, pourrais-je dire. Une histoire s’est écrite. Un Temps s’est déroulé. Et toi, aujourd’hui, tu t’en souviens.
- Est-ce que vous voulez dire que ce sont des souvenirs de... ma vie antérieure ? demanda brutalement Harry.
C’était tout simplement ahurissant. Qui était cet homme ?
- Non, Harry. Ce n’est pas exactement ce que je veux dire, fit-il doucement.
- Oh. Alors que voulez-dire exactement ?
Sa méfiance était revenue au grand galop, et il n’avait pu empêcher sa voix de prendre un ton dédaigneux. Il ne pouvait pas croire qu’un inconnu, probablement sorcier lui-même, soit assis là en train de lui parler... quoi, d’ailleurs ? Théologie ?
- Que sais-tu du soir où tes parents sont morts, Harry Potter ? dit le vieillard, sans s’offusquer de son impolitesse.
Harry ouvrit la bouche, d’abord sous la stupeur, puis pour répondre. Mais au même moment, l’image d’un grand homme chauve émettant une lumière verte, et le cri de détresse d’une femme, s’imposèrent à son esprit. Il referma la bouche et déglutit. Ça ne pouvait pas être vrai... Il ne pouvait pas croire une histoire pareille !
- Ils... Tante Pétunia m’a dit qu’ils étaient morts dans un accident de voiture, s’entendit-il répondre d’une voix quelque peu désespérée, mais il était maintenant persuadé que c’était un mensonge.
Le vieil homme le fixa un instant d’un regard empli de tristesse, et entreprit de lui raconter ce qui s’était réellement passé cette nuit-là.
Un long silence suivit la fin du récit. Dans le salon, on n’entendait plus que les bruits de la télévision venant de l’étage, et parfois le son des voix de Vernon et Pétunia enfermés dans la cuisine.
Harry mit plusieurs minutes à comprendre que les histoires de sa tante au sujet de ses parents étaient bel et bien de gros mensonges, et plusieurs autres à assimiler la vérité.
- Alors, si j’ai bien compris, répéta-t-il lentement, ma mère s’est sacrifiée pour me sauver, et le sort de mort a rebondi sur moi ? Pour le renvoyer sur ce... Voldemort ?
L’autre acquiesça d’un signe de tête solennel. Harry fronça les sourcils, réfléchissant.
- C’est pour ça que les gens me connaissent... songea-t-il à voix haute.
L’inconnu haussa un sourcil interrogateur, déjà moins sérieux, et Harry lui expliqua ses courtes rencontres avec de drôles de personnages, vêtus de robes colorées et de chapeaux pointus, qui lui serraient la main avec ferveur avant de disparaître aussitôt.
- Ce sont des sorciers, n’est-ce pas ? Et ils me connaissent parce que... parce que j’ai survécu au sort de mort, c’est ça ?
- Oui, Harry, c’est exact. Et c’est là que j’en reviens à mon histoire de Temps...
Voyant que le jeune garçon avait besoin d’une explication claire une bonne fois pour toute, il annonça sans autre entourloupe :
- Le fait est que tu n’aurais pas dû survivre à ce sortilège, Harry. Quelques soient les raisons, quelques soient les circonstances de ce fait, cela n’aurait pas dû arriver. Cela a provoqué un grand chamboulement dans la ligne du Temps : cela a créé une sorte de point d’ancrage. Maintenant rappelle-toi, Harry, il y a eu une autre fois... Ce sorcier a essayé de te tuer à nouveau, n’est-ce pas ?
L’image d’une grande forêt sombre flasha devant ses yeux, mais ce fut tout. Harry hocha tout de même la tête, voulant entendre le reste des explications.
- Lorsque le sortilège de mort t’a touché à nouveau, une boucle s’est formée. Le fait que l’Avada Kedavra te soit lancé encore une fois a provoqué un retour vers ce point d’ancrage... Vers la nuit où tu l’as reçu pour la première fois. Comprends-tu ?
Le vieil homme le regarda un moment, attendant gentiment qu’il intègre toutes les conséquences de cette information. Finalement, le garçon le surprit par sa perspicacité.
- Donc, vous me dites que si quelqu’un me lance un autre sort de mort, je serai à nouveau envoyé vers la nuit où mes parents sont morts, résuma Harry. En fait, cette nuit-là est le début de la boucle, c’est ça ?
- Plutôt le point d’ancrage, mais oui, tu peux le dire comme ça, confirma-t-il.
- Et si quelqu’un me lance un autre sort de mort, continua Harry sans relever, la boucle se referme et tout recommence ?
- Tu as tout compris, félicita le vieillard.
Et enfin, Harry réalisa brusquement :
- Attendez une seconde, vous êtes en train de me dire que j’ai déjà vécu toute une boucle, c’est ça ? s’exclama-t-il avec frayeur, se reculant dans le canapé. C’est insensé !
- Tu apprendras rapidement qu’avec la magie, très peu de choses sont impossibles, rétorqua le plus vieux. Et c’est la raison même de tes cauchemars, rappela-t-il également.
À ces mots, Harry se calma. C’était vrai, les cauchemars étaient trop réels pour n’être que le fruit de son imagination. Et ça expliquait également qu’il rêve de ces gens qu’il ne connaissait pas. Enfin, qu’il ne connaissait plus... Il se prit la tête entre les mains, sentant poindre la migraine qui le menaçait depuis le début de cette conversation. Il se redressa lorsque sa première question lui revint en mémoire.
- Mais qui êtes-vous ?
Le vieillard eut un large sourire, et répondit enfin :
- Je suis le Gardien du Temps. Je protège la ligne, et veille à ce qu’elle ne forme ni nœud, ni boucle.
- Et pourquoi est-ce que tante Pétunia, et oncle Vernon, et tous les autres ne se souviennent pas, eux aussi ? demanda ensuite Harry.
- Ah, question pertinente. Il se trouve que tu es au centre du point d’ancrage, Harry Potter. On peut même dire que tu es le point d’ancrage. C’est par toi que tout passe. C’est assez insolite, je le reconnais volontiers, mais vois cela comme une immense chance.
Harry fronça les sourcils, ne voyant pas quelle chance il pouvait avoir à faire ces horribles cauchemars. Mais il ne répliqua pas.
- Encore un peu de thé ? proposa finalement le Gardien avec un sourire espiègle.
Sa main voltigea dans les airs, et un nouveau cri aigu retentit depuis la cuisine. La voix de l’oncle Vernon tonna une seconde plus tard :
- ÇA SUFFIT ! CETTE ESPÈCE DE CLOCHARD... !
Des pas furieux résonnèrent dans le couloir, et la poignée de la porte du salon s’activa avec fureur. Mais elle resta obstinément close. Les vociférations indignées de Vernon leur parvinrent à un nombre élevé de décibels, mais le vieil homme agita encore la main et le silence se fit brusquement.
Émerveillé, Harry prit sa tasse à nouveau pleine et un autre gâteau. Tandis qu’il le dégustait, il observa le Gardien avec plus d’attention. Il pouvait comprendre que son accoutrement ne soit pas du goût de son oncle, mais pourquoi le comparer à un vagabond ? Le vieillard lui fit un sourire conspirateur et chuchota :
- Ton oncle me voit comme un jeune homme vêtu d’une chemine verte, d’un pantalon bleu et de bottes rouges. Avec des cheveux longs et sales.
- Et comment vous voit ma tante ? questionna Harry avec un sourire en coin, comprenant qu’il s’agissait d’un autre tour de magie.
Le Gardien éclata de rire et lui décrivit le trentenaire propre sur lui à qui Pétunia avait ouvert la porte.
- Et moi ? dit Harry. Pourquoi un vieil homme ?
Étrangement, la mine dudit vieil homme se fit un peu plus sérieuse.
- Je ne sais pas. Préférerais-tu que j’ai l’air plus jeune ? Que je sois une femme, peut-être ?
Curieux, Harry essaya de l’imaginer en jeune femme, prenant comme modèle la plus jeune institutrice de son école. Mais impossible de le voir autrement que comme un vieil homme aux yeux bleus. Il secoua la tête.
- Non, c’est juste que... J’ai l’impression que vous me rappelez quelqu’un... Votre barbe, et...
Un nom s’imposa soudain à son esprit.
- Dumbledore, répéta-t-il. Vous ressemblez beaucoup au professeur Dumbledore.
Il n’était pas sûr de savoir d’où lui venait ce nom (ne l’avait-il pas lu quelque part ?), mais il sentait qu’il avait beaucoup d’importance. Le sourire du Gardien revint.
-Vraiment ? demanda-t-il, et il semblait au ton de sa voix qu’il était attendri. Je peux comprendre pourquoi. Il a été un mentor, voire une sorte de père de substitution, pour toi. Il est normal que sa vision te rassure.
Ces simples mots ravivèrent alors des images dans l’esprit de Harry, et elles étaient d’une incroyable netteté : un visage de vieil homme habillé d’une robe colorée, sa très longue barbe blanche aux reflets argentés, et des yeux d’un bleu électrique derrière des lunettes en demi-lune, qui brillaient tantôt d’amusement, tantôt de fierté, tantôt d’une profonde affection.
- Oui, répondit-il, et il fut surpris du son étranglé de sa voix.
Il battit des paupières tout en reposant sa tasse, et se rendit compte à quel point il était ému à la pensée de cet homme. Inquiet de ressentir tant d’émotion rien qu’en le mentionnant, il osa demander :
- Est-ce que le professeur Dumbledore est... en vie ?
Le Gardien le fixa pendant un instant, son visage redevenu neutre et sérieux, avant de sourire à nouveau gentiment :
- Oui, je t’assure que le professeur Dumbledore est en vie, et le sera encore pendant un certain temps.
Quelque part dans l’esprit de Harry, quelque chose remua faiblement, sans parvenir à s’imposer, et il se fit la réflexion distraite que « un certain temps » n’était pas un chiffre très précis. Mais il abandonna aussitôt cette idée et la chose cessa de remuer.
- D’accord. Et donc, reprit-il en essayant d’adopter un ton plus enjoué, puisque je suis, disons, « à nouveau là », est-ce que c’est pour... changer quelque chose ?
Le vieil homme fronça légèrement les sourcils et l’incita à développer d’un mouvement de tête intrigué.
- Je veux dire... Et bien, étant donné que tout va « recommencer », est-ce qu’il faut en profiter pour changer certaines choses ?
Le Gardien hocha la tête pour montrer qu’il avait compris l’interrogation du jeune garçon.
- Il faut bien que tu comprennes une chose, Harry Potter. Le fait que tu aies survécu au sortilège de la mort a créé une sorte de brèche dans la ligne du Temps. Il ne s’agit pas d’un simple retour dans le passé, mais bel et bien d’une boucle. Une ligne de temps parallèle qui reviendra à son point d’ancrage si jamais un autre sort de mort est lancé sur toi.
- Mais...
- Et je t’ai expliqué, l’interrompit-il, que le Temps ne pouvait pas rester sous forme de boucle, Harry. Je dois veiller à ce que cette boucle ne se referme jamais, pour que la ligne se poursuive comme elle aurait dû le faire naturellement.
- Mais pour briser la boucle, il faut qu’aucun sort de mort ne me touche plus jamais, n’est-ce pas ?
- C’est tout-à-fait cela.
Harry hocha la tête distraitement, se disant que ce ne serait peut-être pas si facile que de le dire...
- Est-ce qu’il existe d’autres façons de créer une boucle ? fit-il soudain, pris de curiosité.
Il regretta sa question en voyant le regard mortellement sérieux que le Gardien posa sur lui.
- Le Temps est une chose très complexe, Harry Potter. Tu es le cœur même de cette boucle, et c’est uniquement pour cette raison que les souvenirs de ta « première vie » te sont restés. Tu n’as pas besoin d’en savoir davantage.
- D’accord, accepta aussitôt Harry. Donc, qu’est-ce que je dois faire, maintenant ?
Cette fois-ci, le vieil homme qui ressemblait à Dumbledore lui offrit un grand sourire enjoué.
- Tu feras comme d’habitude, Harry Potter, affirma-t-il d’une voix confiante et chaleureuse. Écoute ton cœur et ton instinct. Ils ne te tromperont jamais.
Chapitre 3 - Le Gardien des Clés :
Assis sur le lit de sa nouvelle chambre, Harry relisait la lettre de Poudlard pour la énième fois.
L’oncle Vernon et la tante Pétunia ne lui avaient plus adressé la parole depuis la visite de cet étrange vieil homme. Harry songea au début que c’était une amélioration : sa tante ne lui demandait plus de l’aider à faire la cuisine ou de jardiner, et son oncle s’abstenait de lui faire laver la voiture ou repeindre la clôture. C’était certainement une amélioration. Mais au bout de deux jours à vivre dans l’indifférence la plus totale, Harry commençait à trouver la situation plus irritante que plaisante. Après le départ du vieil homme, Harry avait retrouvé son oncle et sa tante dans la cuisine. Pétunia tentait apparemment de garder un semblant de contrôle sur elle-même tout en crispant ses mains sur un verre d’eau. Sans doute craignait-elle de le voir disparaître à son tour... Vernon, quant à lui, avait déboutonné son col de chemise, et celui-ci était humide de transpiration. Vernon lui-même semblait sur le point d’exploser de colère à tout instant, et il agrippait fermement le bord de la table. Harry pensa que c’était sûrement pour s’empêcher d’étrangler son si cher neveu. Harry n’avait posé qu’une seule question : pourquoi lui avaient-ils menti ? La tante Pétunia ne grimaça pas de son audace, cette fois-ci, et cracha tout ce qu’elle avait sur le cœur. De ce que Harry avait retenu, il semblait que ses grand-parents maternels avaient été tellement émerveillés devant les capacités magiques de leur plus jeune fille qu’ils en avaient quelque peu délaissé leur aînée. Pétunia en avait visiblement conçu une rancœur tenace, qu’elle avait par la suite reportée sur lui, son neveu sorcier. Harry comprenait. Ça n’avait pas dû être facile pour elle d’être ignorée par ses propres parents au détriment de sa petite sœur. Même s’il comprenait, il lui en voulait quand même – au moins un peu – de lui avoir fait croire des idioties pendant toutes ces années. Ses parents n’étaient pas morts, ivres, au volant de leur voiture : ils étaient morts en combattant un mage noir, en essayant de sauver leur fils unique. Depuis cette unique explication, les Dursley ne lui avaient plus parlé. Dudley lui-même se tenait à l’écart : il n’avait pas assisté à la rencontre et aux tours de magie du vieil homme, mais il avait entendu son père hurler, et sa mère lui avait dit de se tenir loin de Harry. Pour cela, Harry était certainement reconnaissant.
Puisqu’il n’avait personne à qui parler et aucune corvée à faire, il avait donc eu le temps de relire et d’étudier sa lettre. Il avait retrouvé le nom de Dumbledore : il s’agissait du directeur de Poudlard. Au vue de tous les titres dont il était pourvu, il semblait être quelqu’un d’important dans le monde magique, bien que Harry ne comprenne pas ce que pouvait signifier d’être « Manitou suprême » ou « Enchanteur-en-chef », ni ce qu’était un ordre de Merlin. D’ailleurs, Merlin avait-il réellement existé ? Il était cependant plus préoccupé par une phrase en particulier :
« La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard. »
Il n’avait fichtrement aucune idée de ce que voulait dire « nous attendons votre hibou ». Il supposait qu’il devait envoyer une réponse pour signaler qu’il avait bien eu la lettre et qu’il acceptait de se rendre à Poudlard dès la rentrée. Mais le hibou ? Était-ce un mot sorcier ? Il se voyait mal aller au bureau de poste et demander à envoyer un hibou. « Bien sûr. C’est pour un envoi local, ou à distance ? » Non, c’était ridicule. Mais à bien y réfléchir, des pigeons avaient déjà été utilisés pour transmettre des messages, autrefois... Était-ce possible que les sorciers se servent de vrais hiboux ? Alors que devait-il faire ? Se poster dans le jardin de nuit et attendre qu’un hibou passe pour lui demander d’envoyer sa lettre à Poudlard ? C’était insensé.
Il y avait un autre point d’inquiétude : où allait-il pouvoir se procurer tout le matériel qu’on lui demandait d’acheter ? Les vêtements et quelques ustensiles ne devaient pas être si hors-normes que ça, mais une baguette magique ? Un chaudron ? Les livres aux titres insolites ? Harry se traitait mentalement d’idiot : il aurait dû poser la question au vieil homme, il lui aurait certainement tout expliqué ! Au lieu de cela, il avait posé des questions sur les boucles du temps, juste pour se faire réprimander sa curiosité... Harry se morigénait de son peu de sens des priorités.
Il passait donc ses journées dans sa chambre à réfléchir et s’inquiéter, ou bien dehors à marcher dans les rues en réfléchissant et en s’inquiétant. Même l’approche de son anniversaire ne suffit pas à l’égayer quelque peu : son anniversaire n’avait rien de réjouissant en temps ordinaires, et là, entre l’inquiétude de ne pas pouvoir se rendre à Poudlard par lui-même et l’indifférence persistante des Dursley, il n’arrivait pas à se consoler. Tout de même, il aurait onze ans le trente-et-un juillet. Ce n’était pas rien... Pour la peine, il attendrait minuit dans le jardin ! Harry eut un grand sourire amusé. Oui, il allait attendre d’avoir onze ans sur le petit banc de pierre à l’arrière du jardin, et il souhaiterait très fort qu’un hibou passe pour emmener sa lettre. Il était un sorcier, après tout, non ? Il pouvait certainement attiré un oiseau jusqu’à lui ! Ragaillardi par cette idée, bien qu’une part de lui se moque de sa propre naïveté, il attendit son anniversaire avec un peu plus d’enthousiasme.
Ce matin-là, Harry s’était levé de bonne heure, et avait laissé son excitation le pousser à préparer de son propre-chef le petit-déjeuner. En arrivant à son tour dans la cuisine, la tante Pétunia eut un temps d’arrêt en le voyant devant la gazinière, mais ne dit toujours rien et se contenta de mettre la table. Harry poussa un discret soupir tout en surveillant les œufs au plat. Quelques minutes plus tard, Dudley s’installa à l’autre bout de la table, le plus loin possible de son cousin et les yeux rivés sur son assiette. L’oncle Vernon, au contraire, foudroya Harry du regard avant d’entamer sa première tranche de bacon. Pétunia sirotait son thé et jetait des coups d’œil vers la fenêtre en faisant comme s’il n’y avait personne en face d’elle. Harry se retint de soupirer à nouveau, et le petit-déjeuner se déroula dans une ambiance tendue.
Dès qu’il eut terminé, Harry laissa à sa tante le soin de débarrasser la table et retourna dans sa chambre. Il découpa proprement une feuille blanche de l’un des cahiers à dessin qui occupaient une partie des étagères, et réfléchit à ce qu’il pourrait dire dans sa lettre. Il attrapa un stylo à bille et joua avec pendant quelques minutes. Puis il se pencha sur la feuille et écrivit le plus soigneusement possible.
« Chère Madame la Directrice adjointe,
Comme vous l’avez demandé dans ma lettre d’admission, je vous écris pour vous dire que je serai à Poudlard à la rentrée. Cependant, ayant grandi dans une famille non-magique, j’ignore où aller pour trouver mes fournitures scolaires. Ce serait très gentil à vous de m’expliquer comment faire.
Avec tout mon respect, Harry Potter. »
Harry reposa lentement le stylo tout en se relisant. Il se mordilla la lèvre en se rendant compte qu’il n’avait pas mentionné ses problèmes d’argent. Il doutait fortement que les Dursley acceptent de lui payer quoi que ce soit de magique. Les sorciers accordaient-ils des bourses d’étude à leurs élèves ? Puis il se dit qu’il avait mieux fait de ne rien dire dans la lettre : il ne voulait pas avoir l’air de se plaindre. Il posa la feuille bien à plat sur le bureau pour qu’elle ne s’abîme pas, et s’adossa à la chaise en soupirant. Il lui ne restait plus qu’à attendre la tombée de la nuit...
Il redescendit, ayant dans l’idée d’aller se promener aux alentours en attendant le repas de midi. Mais à peine avait-il atteint le rez-de-chaussée que la sonnette de l’entrée retentit. La tante Pétunia sortit de la cuisine, mais en le voyant, elle lui fit un signe de tête pour qu’il aille lui-même ouvrir. Harry obéit.
D’abord, il crut que la nuit était tombée plus vite que prévue : l’obscurité envahit le couloir. Puis il comprit que l’ombre appartenait à une personne. Il dut lever la tête pour apercevoir le visage du visiteur.
C’était un homme immense, large et trapu, avec des cheveux et une barbe noirs hirsutes et un grand manteau qui semblait fait de peau de bêtes. Harry se rendit compte qu’il béait et referma la bouche dans un claquement de dents stupéfait.
- Salut, dit le géant d’une voix grave mais chaleureuse. C’toi Harry, pas vrai ?
Harry hocha la tête, les yeux ronds. Souriant, le géant fouilla dans les nombreuses poches de son grand manteau – n’avait-il pas atrocement chaud là-dedans ? – et finit par lui tendre une lettre.
- Tiens, c’pour toi ! annonça-t-il avec entrain.
Harry prit la lettre mécaniquement. Elle était très semblable à celle de Poudlard. Il la retourna pour l’ouvrir et remarqua le blason de l’école. Il l’ouvrit rapidement et constata qu’il s’agissait bien de la même lettre. Alors il releva la tête et sourit timidement à l’immense homme.
- C’est gentil, monsieur, mais j’ai déjà reçu ma lettre...
Le géant fronça les sourcils et se mit à triturer sa barbe, marmonnant quelque chose qui ressemblait à : « Curieux, c’pas c’que disait le hibou... », mais il reprit joyeusement :
- Ah ben, tant mieux ! J’suis content que tout aille bien, finalement. Bon, ben, j’vais t’laisser tranquille, alors !
Il fit demi-tour d’un pas lourd, et Harry était sur le point de le regarder partir, la bouche à nouveau béante, lorsqu’il réalisa juste à temps.
- Attendez !
Il lui courut après dans l’allée du jardin, et le géant se retourna vers lui. Harry déglutit, impressionné par sa taille peu commune, et demanda :
- En fait, je voulais envoyer ma réponse, mais je ne savais pas s’il fallait un vrai hibou ou si c’était juste un mot spécial pour la poste sorcière, alors j’ai voulu attendre ce soir pour trouver un vrai hibou, parce que je ne sais pas du tout où aller acheter toutes mes affaires et j’ai demandé de l’aide...
Il s’interrompit. Le géant le regardait, ébahi. Harry se traita mentalement d’idiot, les joues rouges, et reformula sa question en essayant de ne pas bégayer :
- Est-ce que vous voudriez bien m’aider à aller chercher mes fournitures scolaires, s’il vous plaît ? Parce que je ne sais pas du tout comment faire...
Cette fois, le grand homme sourit, et son visage sembla s’illuminer, ses yeux noirs pétillants de joie.
- Mais bien sûr ! accepta-t-il avec empressement, puis il tendit la main à Harry et se présenta enfin : Rubeus Hagrid, Gardien des Clés et des Lieux à Poudlard. Tu sais d’jà tout sur Poudlard, j’imagine ?
- Enchanté, monsieur, répondit poliment Harry en lui serrant la main, et il semblait qu’une seule main de ce Hagrid pouvait lui entourer la tête entière. Je sais juste que c’est une école. Est-ce que vous voulez entrer, monsieur ?
- Appelle-moi juste Hagrid, comme tout l’monde ! J’prendrais bien un thé, s’tu veux bien. On n’aura qu’à y aller après.
Harry emmena son invité jusqu’au salon. Avec sa si grande taille, Hagrid dut se baisser pour passer les portes sans se cogner, et quand il s’installa sur le canapé, celui-ci se plia en deux en émettant un craquement de protestation. Dans la cuisine, les Dursley étaient restés aux aguets, et quand Harry les rejoignit pour préparer le thé, l’oncle Vernon siffla méchamment :
- Qu’est-ce que c’est encore que ce cirque ? Qui est ce type ?
- C’est Mr Hagrid, il travaille dans ma nouvelle école, et il est venu m’accompagner pour acheter mon matériel scolaire, résuma calmement Harry.
- Il est hors de question que je dépense le moindre sous pour ces histoires ridicules ! s’insurgea Vernon.
- Je m’en doutais bien, répliqua Harry avec morgue. Mais l’école offre sûrement une bourse, ou quelque chose comme ça. Je me débrouillerai sans toi !
Son oncle sembla sur le point d’éructer contre son insolence, mais il se ravisa en se rappelant du type bizarre dans son salon qui pourrait l’entendre. Il retourna à son café en marmonnant des insultes sur les « gens de son espèce ». Harry haussa les épaules et quitta la cuisine.
Il offrit le thé à Hagrid, et lui demanda de lui parler de Poudlard. Le géant sembla ravi et raconta en quoi consistait son travail. Harry l’écouta poliment, essayant de chasser de son esprit les images dérangeantes qui l’assaillaient chaque fois que Hagrid mentionnait le nom d’une créature magique dont il s’occupait. Puis, le thé fini, il lui demanda à nouveau de bien vouloir l’emmener faire ses courses.
- Monsieur Hagrid, où pensez-vous que je pourrai aller chercher mes affaires ?
- J’t’ai déjà dit d’m’appeler juste Hagrid. J’aime pas trop qu’on m’appelle « monsieur », c’trop formel, expliqua-t-il en marmonnant. Pour tes affaires, y a qu’un seul endroit où aller : le Chemin de Traverse ! C’est à Londres...
Harry était stupéfait : on pouvait acheter du matériel magique à Londres ?
- C’est un endroit secret, précisa Hagrid. Y a que les sorciers, les gens comme toi et moi, qui peuvent y accéder. Par contre...
Le géant sembla gêné, et se pencha vers Harry, faisant affreusement grincer le canapé, pour chuchoter :
- J’suis venu discrètement pour pas attirer l’attention, mais, on pourrait p’être gagner du temps...
Harry ne comprenant pas, il fouilla dans les poches de son manteau pour en sortir un petit sachet qu’il présenta au garçon. À l’intérieur, il y avait une sorte de poudre verte.
- J’vois qu’tes moldus ont une cheminée. Ça s’appelle de la Poudre de Cheminette. On va passer par-là, ce sera beaucoup plus rapide... !
Harry n’était pas sûr de bien saisir de quoi il retournait, aussi ne répondit-il pas, se contentant de hocher vaguement la tête. Mais Hagrid se pencha un peu plus, la mine sérieuse.
- Et, hm... Si tu pouvais éviter d’en parler, quand tu s’ras à Poudlard... J’suis pas censé faire de la magie, tu vois...
Harry accepta vivement, réalisant cette fois qu’il allait à nouveau assister à ce que pouvait faire la magie. Il était impatient de prendre cette « cheminette » !
Après que Harry soit rapidement remonté à sa chambre pour récupérer sa liste de fournitures, ils se déplacèrent vers la cheminée du salon des Dursley. Harry déplaça la grille qui masquait le foyer, puis il recula d’un pas et regarda avidement les moindres gestes de Hagrid. Celui-ci sortit d’une autre poche un petit parapluie rose (enfin, il semblait minuscule par rapport à la taille du géant, mais il faisait bien plus de la moitié de celle de Harry), et il l’agita en direction de la cheminée. Il s’en éleva alors une gerbe de flammes. Un petit feu s’installa, brûlant dans le vide, sans rien à consumer. Harry était émerveillé, un grand sourire aux lèvres.
En le voyant, Hagrid eut un petit air fier de lui, puis il rouvrit le sachet de poudre verte et en jeta une poignée vers le feu. Celui-ci produisit alors des flammes vertes, plus imposantes. Hagrid posa une main sur l’épaule du garçon.
- Puisque t’as jamais voyagé par cheminée, on va y aller ensemble. Va falloir se serrer un peu, mais j’préfère pas t’perdre... !
Sans avoir une seconde pour réagir, Harry se sentit pousser dans les flammes. Il retint de justesse un cri de frayeur, se rendant compte que le feu ne brûlait pas. Au lieu de cela, une sensation de chatouille l’enveloppait, et c’était vraiment incroyable. Hagrid le poussa à l’intérieur, et réussit à se caser dans le mince foyer de la cheminée. Puis il cria de sa voix rauque :
- Chaudron Baveur !
Harry eut à peine le temps de se demander s’il s’agissait d’un mot magique pour activer la cheminée enchantée : il fut aussitôt transporté dans un tourbillonnement de flammes, et il crût voir défiler devant lui à toute allure d’autres pièces à la place du salon des Dursley, avant d’atterrir brutalement dans un nuage de suie.
Il toussa et crachota la poussière noire, et il sentit Hagrid le tirer par un bras pour le faire sortir du foyer. Il ôta ses lunettes pour les essuyer un peu, mais il aperçut alors le géant agiter à nouveau son parapluie, et toute la suie disparût comme par magie.
Harry faillit jurer à voix haute de sa bêtise. Évidemment, que c’était magique !
Il regarda ensuite autour de lui avec curiosité.
Ils avaient atterri dans ce qui semblait être une auberge. Tout était de bois et de pierre, ce qui donnait un air ancien à la pièce. Il y avait des tables en bois de différentes tailles qui remplissaient l’espace, entourées de chaises originales faites d’osier, de tissus, et aussi du même bois sombre que les tables. Les fenêtres étaient masquées par des rideaux un peu miteux, et non loin de la cheminée, il y avait un bar derrière lequel s’alignaient des couverts et des bouteilles contenant des liquides colorés. La salle était occupée par plusieurs clients, et le barman, dont la tête ressemblait à une noix scintillante, leur lança un sourire édenté en les voyant arriver.
- Tiens, Hagrid ! Comme d’habitude, je suppose ? demanda-t-il en tendant une main vers une rangée de verres derrière lui.
- Peux pas, Tom, répondit Hagrid qui connaissait apparemment bien le petit homme. J’accompagne quelqu’un cette fois, expliqua-t-il en tapotant de son énorme main l’épaule de Harry. Le p’tit vient d’une famille moldue, il a b’soin d’aide pour ses achats.
Le regard curieux du dénommé Tom se posa alors sur Harry. Il vit très clairement les yeux du petit homme remonter lentement vers son front...
- Merlin tout puissant... C’est Harry Potter !
Son exclamation surprise stoppa les conversations en cours dans la salle. Une vieille femme, dans un coin, lâcha sa longue pipe sous le choc, et toutes les têtes se tournèrent vers eux.
Harry déglutit. Hagrid et lui furent alors noyés sous les acclamations enjouées des clients qui se précipitèrent vers eux, voulant serrer la main du Survivant. Quand il avait dit au Gardien du Temps qu’il s’était aperçu que les gens le connaissaient, il n’imaginait pas que ce serait à ce point. Tout le monde semblait savoir ce qui s’était passer dix ans auparavant, et tous voulaient à tout prix pouvoir s’approcher du célèbre Harry Potter.
Il fut englouti sous des remerciements divers et des exclamations émues, et n’y répondit pas, ne sachant quoi dire. De toute façon, les gens à qui il serrait la main ne le laissaient pas répondre et se tournaient aussitôt vers les autres pour s’écrier avec fierté : « Harry Potter m’a serré la main ! » Il se faisait l’impression d’être une vedette de télévision. L’idée le répugna immédiatement.
Finalement, Hagrid parvint à ramener un peu de calme, utilisant son imposante taille et sa grosse voix pour disperser tout le monde. Il le dirigea ensuite vers le bar, à l’écart de la petite foule.
- Oh, bonjour, Professeur Quirrell !
Assis sur un haut tabouret, un jeune homme pâle, vêtu d’une ample robe et un turban violet recouvrant son crâne, leur répondit d’un signe nerveux de la main.
- Harry, j’te présente le Professeur Quirrell, il sera l’un de tes maîtres à Poudlard, présenta le géant en se tourna vers le garçon.
Harry fit appel à toute sa maîtrise de lui-même pour saluer poliment le jeune professeur bégayant. N’avait-il pas fait un cauchemar au sujet d’un homme portant un turban violet ? Il ne s’en rappelait pas, mais la vision du tissu entourant la tête du professeur le glaçait d’effroi. Il écouta Hagrid échanger encore quelques mots avec lui, puis il l’entraîna vers une petite porte derrière le bar. Il dit au-revoir au professeur avec un sourire aussi naturel que possible, mais aucun des deux ne sembla remarquer son malaise.
Tom le barman réussit à lui serrer la main avec enthousiasme juste avant qu’ils ne sortent enfin de l’auberge.
- C’est le Chaudron Baveur, informa Hagrid, inconscient du fait que le garçon tentait de reprendre une respiration normale – il fallait bien dire que Harry savait rester discret dans ces moments-là. L’entrée est située sur une rue de Londres, Charing Cross Road, j’crois, mais les moldus peuvent pas la voir. Normal, c’est protégé avec un sort, hein ? Et ici, c’est l’entrée du Chemin de Traverse... !
Reprenant ses esprits, Harry regarda autour de lui en fronçant le nez. C’était juste une petite arrière-cour, avec des murs de briques rouges et quelques mauvaises herbes entre les containers à ordures. Il lança un regard interrogateur à Hagrid, mais eut très vite un grand sourire en le voyant sortir son parapluie rose.
- Regard’ bien, dit le grand homme d’un air fier, amusé par l’émerveillement qui se lisait sur le visage du garçon.
Il compta ostensiblement les briques sur le mur, puis tapota le bout du parapluie sur la dernière. Le passage magique s’ouvrit alors, le mur se transformant progressivement en une arcade suffisamment grande pour permettre à Hagrid de passer. Derrière le mur s’étendait une immense rue animée. Harry resta bouche-bée, et il eut l’impression qu’il n’avait pas assez de ses deux yeux pour tout regarder : c’était une longue rue pavée qui serpentait entre un assortiment de magasins et de restaurants, aux enseignes folles et colorées. Une petite foule s’y déplaçait avec animation, les sorciers et sorcières portaient des vêtements sobres ou loufoques, de longues robes et des chapeaux pointus, des rires et des cris résonnaient de temps à autre devant les boutiques. À sa gauche, il y avait un étalage de chaudrons de toutes les tailles, et à sa droite, la vitrine de ce qui semblait être une librairie.
Le rire de Hagrid le sortit de sa contemplation. Il se sentit rougir, mais le géant ne se moquait pas de lui.
- Ça fait toujours ça, quand on vient pour la première fois... !
Puis il le poussa gentiment dans le dos et ils s’engagèrent sur la célèbre allée marchande. Harry regardait partout autour de lui, ne voulant rien rater du spectacle. Il parvint même à ne pas faire attention aux regards curieux et admiratifs des gens qu’ils croisaient parmi la foule. La présence imposante et le regard d’avertissement de Hagrid devaient les dissuader d’approcher. Ils marchèrent un petit moment, puis Hagrid lui rappela la raison de leur présence au milieu des magasins.
- Bon, Harry, c’pas tout ça, mais, tu as la liste de tes fourniture ?
Harry s’arracha difficilement à l’examen admiratif d’un balai volant, et sortit le parchemin qu’il avait glissé dans la poche de son pantalon. Il la déplia et se concentra un peu pour lire, ses pensées toutes embrouillées par les merveilleuses découvertes qui s’étalaient autour de lui.
« COLLÈGE POUDLARD – ÉCOLE DE SORCELLERIE
Uniforme Liste des vêtements dont les élèves de première année devront obligatoirement être équipés : 1) Trois robes de travail (noires), modèle standard 2) Un chapeau pointu (noir) 3) Une paire de gants protecteurs (en cuir de dragon ou autre matière semblable) 4) Une cape d’hiver (noire avec attaches d’argent) Chaque vêtement devra porter une étiquette indiquant le nom de l’élève.
Livres et manuels Chaque élève devra se procurer un exemplaire des ouvrages suivants : Le Livre des sorts et enchantements (niveau 1), de Miranda Fauconnette Histoire de la magie, de Bathilda Tourdesac Magie théorique, de Adalbert Lasornette Manuel de métamorphose à l’usage des débutants, de Émeric G. Changé Mille herbes et champignons magiques, de Phyllida Augirolle Potions magiques, de Arsenius Beaulitron Vie et habitat des animaux fantastiques, de Norbert Dragonneau Forces obscures : comment s’en protéger, de Quentin Jentremble.
Fournitures 1 baguette magique 1 chaudron (modèle standard en étain, taille 2) 1 boîte de fioles en verre ou cristal 1 télescope 1 balance en cuivre Les élèves peuvent également emporter un hibou OU un chat OU un crapaud.
IL EST RAPPELÉ AUX PARENTS QUE LES ÉLÈVES DE PREMIÈRE ANNÉE NE SONT PAS AUTORISÉS À POSSÉDER LEUR PROPRE BALAI. »
Harry se rappela alors d’un détail qu’il n’avait pas encore mentionné.
- M... Hagrid, se rattrapa-t-il juste à temps, se souvenant que Hagrid n’aimait pas être appelé « monsieur » - et il aimait faire plaisir aux gens qu’ils appréciaient, même au détriment de la politesse. Hagrid, il y a un petit problème à ce sujet. Mon oncle a refusé de payer mes études, et je n’ai pas...
- C’est pas grave, Harry ! le rassura aussitôt Hagrid, bien qu’un léger froncement soit apparu entre ses yeux noirs. Il était vrai que le géant n’avait pas assisté à l’effusion d’amour qu’éprouvait Vernon Dursley envers les « gens de leur espèce »... Tu crois que tes parents t’ont laissé sans rien ?
- Mais... Harry allait arguer qu’ils étaient morts dans un accident de voiture, avant de se rappeler que, non, il n’y avait pas eu d’accident de voiture, que ses parents étaient chasseurs de mages noirs. Est-ce que c’était un métier, chasseurs de mages noirs ?
- Les sorciers gardent leur or dans une banque, Harry, expliqua Hagrid, et le garçon faillit rire du ton patient et complaisant qu’avait pris le géant. Ça semblait tellement décalé... Ils avaient une banque, mais se déplaçaient par cheminée ou balais volant !
- C’est Gringotts. Elle est gérée par des gobelins. Chaque sorcier y a un coffre, et c’est sans doute l’un des endroits les plus sûrs au monde ! Il faudrait être fou pour essayer d’y voler que’que chose. Les gobelins n’ont pas leur pareil pour jeter des sorts, et en plus, c’est un véritable labyrinthe... On dit même qu’y a des dragons pour garder les coffres ! J’ai toujours rêvé d’avoir un dragon... Oui, vraiment, ‘y a pas de meilleur endroit pour garder quelque chose en sécurité ! À part Poudlard, bien sûr.
Ah oui, bien sûr. Harry sourit bêtement.
- Direction la banque, alors !
Nelliel Wolf
Messages : 223 Age : 31
Sujet: Re: [Fanfiction] Le Secret de l'Avada Kedavra Jeu 6 Juin - 15:04
Je n'ai pour le moment lu que le prologue parce que c'est trèèèèès long xD Mais j'aime beaucoup ta façon d'écrire, c'est fluide, clair et l'orthographe est super :D Bref je lirais la suite quand j'aurais la motivation parce que c'est vraiment très long quand même x'D
Néodie Turcotte
Messages : 161 Age : 31
Sujet: Re: [Fanfiction] Le Secret de l'Avada Kedavra Jeu 6 Juin - 19:19
Oui, oui ! Lisez à votre rythme, et précisez juste à quelle partie se rapporte votre commentaire ;)
Merci beaucoup, Nelliel !
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Sujet: Re: [Fanfiction] Le Secret de l'Avada Kedavra